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Moins nombreuses, moins bien payées... Les femmes ingénieures toujours défavorisées

Moins nombreuses, moins bien payées... Les femmes ingénieures toujours défavorisées

Le recrutement des femmes ingénieures - dans l'industrie notamment - est crucial, afin de développer des produits et besoins adaptés à la diversité de notre société.

Le milieu des ingénieurs est encore trop largement masculin... et toujours austère pour les femmes. Sur un million d'ingénieurs en France en 2022, seul 24% sont des femmes, selon les données d'une étude publiée par l'Association Femmes Ingénieures.* En outre, 30% des étudiants en école d'ingénieur sont des femmes, un chiffre qui stagne depuis 10 ans.

Avec 242 810 femmes ingénieures pour 757 190 hommes ingénieurs, c'est dans les tranches d'âges en dessous de 40 ans que le pourcentage de femmes est le plus élevé (34,3% pour la tranche des 30-39 ans et 29% pour les moins de 30 ans). Concernant la rémunération, les ingénieurs, en général, ont un salaire médian plus élevé que la moyenne nationale. Celui-ci varie selon l'activité dominante, le lieu de travail, la taille de l'entreprise et le type de contrat. Toutefois, le salaire brut médian annuel des femmes ingénieures est de 50.100€, quand celui des hommes est de 58.900€, soit 18% de plus.

Si l'écart semble néanmoins commencer à se réduire - en 2021, celui-ci était de 21% - «ce constat est à nuancer en raison du ralentissement de la fluidité du marché du travail pendant les années COVID », peut-on lire dans l'enquête. Cela s'explique aussi, en partie, car «la part de femmes est plus faible dans les générations en fin de carrière», les responsabilités, souvent aussi liées à l'âge, allant de pair avec un salaire plus important. 42% d'entre elles n'ont aucune responsabilité toutes formes confondues (contre 33% des hommes ingénieurs).
Plus de CDD pour les femmes

Par ailleurs, les femmes ingénieures connaissent certes le plein-emploi - moins de 5% de chômage - mais semblent davantage précarisées que leur semblable masculin. En effet, les CDD sont deux fois plus importants chez elles que chez ces messieurs. De plus, «on constate un écart de près de 8 points au niveau des CDI en défaveur des femmes ingénieures.» Le plein-emploi oui.... Toutefois pas les mêmes contrats ni responsabilités.

“La pénurie d'ingénieurs commence à se faire ressentir dans le monde de l'industrie. Chaque année, en France, il faudrait 60 000 nouveaux ingénieurs, or seulement 44 000 nouveaux ingénieurs sont formés par an, commente Aline Aubertin, présidente de l'Association Femmes ingénieures. De plus, avec la réforme du bac, les jeunes et surtout les filles choisissent de moins en moins les filières scientifiques. Dans ce contexte, l'association Femmes Ingénieures, qui a fêté ses 40 ans en 2022, continue de se battre pour la mixité et la promotion des métiers scientifiques et d'ingénierie.»

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Et recruter des femmes, notamment, dans l'industrie, n'est pas juste une question de quota ni de parité... Le marché de l'emploi est «ultra-favorable», réagissait Laurent Champaney directeur général de l'École nationale supérieure d'Arts et Métiers, dans une chronique publiée dans Les Échos début janvier. «Car toutes les industries cherchent à embaucher des femmes. (...) Les organisations industrielles ont bien compris que, pour fournir des biens de consommation ou des solutions adaptés aux besoins de la société, il est fondamental que les effectifs des services d'ingénierie qui les conçoivent et les réalisent intègrent toute la diversité de la société.»

Des arguments partagés par Aline Aubertin, pour qui «il est crucial de recruter des ingénieurs de profils divers, et donc en particulier des femmes, pour que le développement des produits n'intègre pas de biais de genre. Par exemple, il y a de nombreux précédents de développement d'intelligence artificielle sexistes et/ou racistes, par ce qu'elles avaient "appris" de développeurs qui n'avaient pas vu les stéréotypes que l'IA avait intégrés, comme un logiciel de tri de CV pour des postes techniques, qui écartait systématiquement les femmes. Comme 50% des clients sont des clientes, celles-ci doivent être représentées dans les industries pour que leurs besoins ou spécificités soient pris en compte !»

*Nouvelle édition de l'Observatoire des Femmes Ingénieures publié par l'association Femmes Ingénieures et basée sur l'étude annuelle d'IESF, dont Femmes Ingénieures est membre.

emploi.lefigaro.fr/actu-emploi/moins-nombreuses-moins-bien-payees-les-femmes-ingenieures-toujours-defavorisees-20230126